Le tout-à-l’ego de Paris

Vendredi 14 février, jour de la Saint-Valentin, la Ministre de la Sante, au micro de France Inter, se fend d’une déclaration d’amour à l’adresse des Français… Compte-tenu de l’importance des dossiers de l’heure (hôpital public, retraite…) et de la menace d’une éventuelle pandémie planétaire, elle leur affirme qu’elle est mobilisée à leur chevet, night and day, donc qu’elle ne saurait disperser ses forces dans la conquête de la mairie de Paris.

Combien ont été bouleversés par autant de sollicitude politicarde. Voilà que, une fois n’est pas coutume, un pôliticien se souciait davantage de nous que de sa carrière. Émouvant, non ?

Mais à peine étions-nous remis de cette annonce que, quelque 48 heures plus tard, patatras, la même ministre démissionnait (on dirait mieux, désertait) en rase campagne… Au diable les Français, les malades, les femmes et les hommes en blancs, les retraités -, à moi l’hôtel de ville ! Chassez le naturel !!!

 

Ainsi donc, en quelques heures, la macronie s’est un peu plus lézardée…

 

> Un des nervis du président, celui-là même qui des mois durant à fait étalage d’un mépris XXL à l’adresse de tous ceux qui dénoncent l’impéritie et la morgue de son grand homme, s’est pris la zigounette dans le tapis numérique. Pour un ancien apparatchik socialiste (qui a fait ses classes avec DSK) devenus tête pensante de la république marcheuse, ce faux pas est signe d’arrogance coupable ou d’incompétence déplorable.

 

> Une des figures du gouvernement indique en quelle piètre estime elle tient sa mission de service public.

 

Les Parisiens s’affligent que de tels pantins briguent le fauteuil municipal lors même que celle qui y trône guigne prolongations nonobstant un bilan calamiteux.

 

Paris n’est pas une ville française mais une ville-monde dont le magnétisme attire tous les artistes et tous les beaux esprits de la planète.

Cette ville qui a inspiré écrivains, peintres, créateurs de tous poils, cette ville qui fut, est, sera un des théâtres ou s’écrit et se joue la Grande Histoire, celle ville qui tire sa force et sa séduction de son peuple espiègle, iconoclaste, frondeur est aujourd’hui vendue aux plus offrants.

Madame et Monsieur Toulemende ne peuvent plus s’y loger (10 000 euros le m2), ne peuvent plus y respirer, ne peuvent plus y circuler, ne peuvent plus y trouver l’inspiration… Ma ville, celle où je suis né, est désormais réservée aux riches, aux propriétaires qui transforment le moindre placard à balais en nid à touristes, aux adeptes illuminés des mobilités douces, aux militants de tous les communautarismes, aux sectateurs du politiquement correct dictatorial. C’est un champ d’expérimentations pour toutes les uberisations disruptives, une jungle sans lois pour les plus faibles.

 

Hidalgo, Griveaux, Buzyn, politicards stipendiés par les ploutocrates, partagent un mauvais point commun : le manque d’empathie avec la ville lumière, ses habitants, ses amoureux.